Chapitre 23 : Une amie, des souvenirs
L’aube approchait.
Les premières lueurs timides du soleil rougissaient le ciel obscur, donnant au village de Konoha une atmosphère plutôt inquiétante.
Assoupie sur le lit d’hôpital de son fils, Mikoto ouvrait lentement les yeux. Elle vit une mèche rouge devant elle.
– Ah, c’est toi, Kushinaaah... lâcha-t-elle dans un bâillement.
Kushina lui lança un timide sourire.
– Ca me rappelle des souvenirs, tout ça... poursuivit Mikoto en s’étirant.
Kushina haussa les sourcils, ne comprenant pas.
– La dernière fois, j’étais un peu remontée contre Hiashi... dit alors Mikoto.
Kushina fronça les sourcils.
« Elle sait ! paniqua-t-elle. Minato, tu m’avais dit qu’elle dormait... Tu m’avais dit qu’elle n’était au courant de rien ! »
– Tu t’en souviens, Kushina ? Eh, Kushina ? Depuis quand t’es silencieuse ?
– De quoi tu parles ? demanda alors Kushina, inquiète.
– Tu ne te souviens pas ? répondit Mikoto. Peu après la naissance de la petite Hinata ?
Kushina, paniquée, se mordit la langue involontairement.
– Aïeuh !
– Qu’est-ce qu’il t’arrive, Kushina-Chan ?
– Me chui mordu la langue... marmonna Kushina.
Mikoto rit.
– Ah, là là, ces souvenirs... lança Mikoto, l’air nostalgique.
Kushina fronça les sourcils, ne comprenant vraiment pas où Mikoto voulait en venir.
– Mais de quoi tu parles, Mikoto ?
– De me réveiller sur un lit d’hôpital, répondit aussitôt Mikoto, qui de toute évidence, attendait que Kushina lui pose enfin la question. Et de voir, à mon réveil... Un piment rouge au dessus de ma tête !
Kushina, soulagée, se rendit compte qu’elle n’était finalement au courant de rien. Elle lâcha un soupir puis, soudain, son expression changea.
– Qu’est-ce que t’as dit ttebane ?!
– Piment rouge ! Kushina la tomate ! lança Mikoto en ricanant.
– Tu sais ce qu’il est arrivé à la dernière personne qui m’a sorti ce surnom ? lança Kushina, menaçante.
– Ouais, le pauvre, murmura Mikoto. Je me souviens, pendant la guerre... Le pauvre type de Kumo t’avait reconnue, et avait averti ses camarades... « Le Piment Rouge... C’est le Piment Rouge de Konoha ; fuyez ! »... Ahahah... Le pauvre, il devait penser que ce surnom était un titre, un peu comme l’Eclair Jaune... S’il avait su...
– N’empêche, j’étais dégoûtée que les autres pays reprennent ce surnom pourri de l’académie pour me nommer... Ils auraient pu se renseigner un peu, quand même ! En plus, c'est pas comme si j'appartenais à un clan totalement inconnu !
– Te plains pas, toi au moins t’avais un titre !
– Et toi ? T’es restée presque toute la guerre bien au chaud avec ton fils, et t’en as quand même eu un ce jour là ttebane ! marmonna Kushina.
– Ah ah, ouais... C’était quoi déjà ? La psychochate ? Youpi...
Kushina éclata de rire.
– Ils n’avaient pas tort...
– Tu peux parler, Piment Rouge !
– Ouais, enfin, ce jour là, la folle, c’était toi !
– Eh, attends, j’avais un fils à protéger, moi... Ils avaient bien assuré leur diversion.
Mikoto, les yeux pétillants de souvenirs, baissa les yeux sur Sasuke.
– Le duo de Kumo affrontait Minato et son équipe sur un flanc, se rappela Mikoto.
– Ouais, et les Jounin avaient attiré l’attention sur un autre flanc, poursuivit Kushina. Avec Hiashi, on a bien lutté contre tous...
– Et quelques Chuunins s’étaient approchés de Konoha... marmonna Mikoto. Une faible menace d’apparence, à côté des autres. Et elle était passée inaperçue. Elle est discrète, agile, rapide... Une parfaite éclaireuse, et elle possède un Bijuu qui aurait pu faire très mal à Konoha, vidé de ses forces.
Kushina fronça les sourcils.
– Même le Raïkage avait participé à cette diversion... Tu te souviens ?
– Ouais, Minato voulait se payer le luxe de s’en occuper lui-même, mais avec les deux lascars qu’il affrontait...
– Oui, murmura Mikoto, dont les émotions étaient à présent visibles dans son regard. Ce jour là, Fugaku lui avait pris sa place...
Fixant toujours son fils, Mikoto sentit des larmes incontrôlables monter et lui brouiller la vue. Kushina la prit dans ses bras avec douceur. Mikoto se ressaisit.
– Je me souviens encore des Conseillers qui sont venus frapper à ma porte, reprit Mikoto, s’essuyant les yeux d’un revers du bras. Ce jour là, ils étaient bien contents qu’une Uchiwa soit restée à la maison...
– Le village te doit bien ça...
– C’était ma responsabilité. J’avais beau ne plus être Shinobi, j’étais toujours une mère. Je ne pouvais laisser cette menace s’approcher de mon fils.
Fixant Sasuke de son regard pétillant, Mikoto soupira.
– Toi, au moins, tu n’auras pas connu ça, Sasuke...
– Naruto et Sasuke ont eu de la chance...
– C’est vrai, mais au moins, ça nous fera des souvenirs à raconter à nos petits enfants, quand mon Sharingan sera tout ridé et tes cheveux tout blancs.
Kushina éclata de rire.
– J’aurais juste aimé que l’enfance d’Itachi ne soit pas sacrifiée pour ces souvenirs...
Kushina regarda son amie dans les yeux, mais celle-ci ne lâchait pas le petit Sasuke du regard.
– Eh... Eh, Mikoto ! Regarde-moi.
Celle-ci leva enfin les yeux vers Kushina.
– Tu n’es pas responsable de ça. Tu n’y es pour rien.
– Avoir un enfant pendant une guerre... Quelle irresponsable je fais oui... La guerre, ça te donne l’impression que tu peux tout perdre du jour au lendemain, alors tu accélères tout... Tu te maries, tu fais des enfants... Et au final, tu gâches tout... J’aurais dû vous écouter, Minato et toi...
– Mikoto, tu n’es absolument pas à blâmer. Toi, comme ton fils, avez eu la malchance de vivre à une mauvaise époque.
Mikoto s’apprêtait à répondre.
– Stop, tais-toi, ne m’oblige pas à employer la force ttebane !
Mikoto éclata de rire.
– Kushina-Chan... Tu es vraiment une amie formidable !
– Dis pas ça ttebane, sinon je vais devenir rouge comme une...
– Tomate !
Kushina fit la moue. Mikoto soupira.
– Au moins, toi, je sais que je peux te faire confiance...
Kushina lui sourit d’un air gêné.
– Au fait, dit alors Mikoto. Que s’est-il passé durant mon absence ?
– Oh... Euh... marmonna Kushina.
Des souvenirs ressurgirent dans sa tête.
Elle revit Minato rentrer, dépité.
Elle se souvint de sa demande. Elle devait se rendre immédiatement à l’hôpital et y rejoindre Mikoto, qui n’était au courant de rien.
Elle se souvint de sa propre crainte. Elle se souvint s’être retournée et avoir demandé à Minato, qui lui tournait le dos, si elle devait lui cacher la vérité.
Et elle se souvint de la réponse de Minato...
« Fais comme tu le sens. Toi seule sauras lui parler... J’ai foi en toi, Kushina... »
Elle ferma les yeux.
Mais son choix, elle l’avait déjà fait depuis longtemps.
– Mikoto, il faut que je te parle...
Mizuki_tiger