La trompette sonne et resonne
Sonne l'extinction des feux
Mon pauvre coeur je te le donne
Pour un regard de tes beaux yeux
Un simple mouvement de ta personne

La nuit s'écoule lente lente
Les heures sonnent lentement
Et toi que fais-tu ma belle indolente
Tandis que veille ton amant
Qui soupire auprès de son amante

Et je cherche au ciel constellé
Où sont nos étoiles jumelles
Mon destin au tien est mêlé
Mais nos étoiles où sont-elles
O ciel mon joli champ de blé

L'inimaginable tendresse
De ton regard paraît aux cieux
Mon lit ressemble à ta caresse
Par la chaleur puisque tes yeux
Au nom de Nice m'apparaissent

La nuit s'écoule doucement
Je vais enfin dormir tranquille
Tes yeux qui veillent ton amant
Ne sont-ce pas ma belle indolente
Nos étoiles au firmament

Guillaume Apollinaire
3 février 1915