Publication de "Naruto" tome 57, vendredi dernier
Par Mikazuki,
05 Nov 2012 à 22:28
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J'ai tué. Je ne voulais pas. Non, je ne voulais pas. C'était lui ou moi. J'étais debout. Il était derrière. Bras bandé. Couteau en main. Prêt à découper ma gorge. C'était lui ou moi. Et je l'ai tué. Oui, je l'ai tué. Un réflexe. Lui, un garçon à peine sorti de l'enfance. Il en avait encore la blondeur des cheveux, et quelques dernières tâches de rousseur. Je ne pensais pas que la mort pouvait avoir ce visage.
Un coup de crosse en plein visage. Fracassant ses joues, arrachant sa mâchoire. Je n'oublierai jamais cette image. Cet instant où ce masque blond et juvénile est tombé pour découvrir le visage nu, violacé et convulsé, de la mort. Un cratère de sang. Une bouche ouverte. Un coup de crosse, et un instant plus tard, ce qui devait être ma mort retombait déchiqueté dans cette terre immonde et putride, et je ne voyais plus rien que cette gueule stupide et démembrée qui semblait hurler à l'aide alors que plus personne, non plus personne, ne pourrait jamais l'entendre.
Voilà donc à quoi tient la vie humaine. Je ne vois plus que lui. Ce couteau qui n'en est pas un. Cet uniforme qui est le même que le mien. Je suis au sommet d'une colline calcinée. Debout sur le monticule de mes morts. Agitant mon sceptre de bois dans mes mains rouges, instrument absolu de pouvoir sur les vivants, bâton et trait d'union d'entre tous mes morts. Illusion rouge-noire. Je suis un salaud. Aucune prière ne me sauvera. Mon geste m'a renvoyé aux damnés. Je viens d'embrasser le Diable.
Pleurer. Je suis pris d'une envie de pleurer. J'ai tué ce garçon comme j'ai tué quatre autres soldats, et je ne le voulais pas. Pauvre jeunesse gâchée par la folie. Vie ruinée par la malchance. Je laisse tomber mon arme. Je m'agenouille. Je pleure. Je m'écrie. Je pleure. Je crie. Je vocifère. J'hurle. Par delà les bombes. Sifflantes. Je beugle. Par delà les explosions. Déchirantes. Les vacarmes. Les brouillards. Les gaz. Je ne peux plus. Je n'en peux plus. Que cela cesse. Il faut que cela cesse. Il faut que
quelqu'un cesse cette horreur.