Aux lecteurs.

Le Salut.

Dixième chronique donc, larmes aux yeux, mains sur le cœur, sonnez trompettes. L’occasion surtout de répondre à quelques uns de vos commentaires, voire d’en imaginer d’autres qui ne sont jamais venus mais qui auraient pu.

Et d’abord, justement, parlons un peu de vos commentaires.

« C'est une coutume ici, laisser parler les autres et se dire qu'on à fait du bon boulot ? » (Kalandri, 19/03)
Pour chaque chronique, vous laissez une cinquantaine de commentaires, parfois un peu moins, parfois beaucoup plus. Tous vos commentaires sont lus. Je considère vos avis, me réjouis des compliments et, avec le temps et un peu de Prozac, je digère vos critiques.
Il m’arrive de réagir mais j’essaie, dans la mesure du possible, de m’en abstenir. La raison, peut-être stupide, est que je me sens un peu mal à l’aise à l’idée de commenter un commentaire. De plus, si je m’écoutais, je ne cesserais d’amender mon texte, d’essayer de le préciser. Or, à un moment, il faut assumer ce qui est dit et savoir se taire. J’ai eu mon tour de parole ; le temps des commentaires vous appartient ; je n’ai que quinze jours à attendre pour pouvoir vous répondre, à l’occasion d’une nouvelle chronique. Je l’ai fait il y a deux semaines ; je le ferai à nouveau.

« Cibler son public » (Maître Edgar Allan Poe)
Je me permets de rapporter ici un échange très agréable d’emails que j’ai eu avec Maître Edgar. Vous êtes nombreux à vous poser la question du niveau de la Chronique par rapport à ce que vous imaginez être le lectorat « normal » de Naruto ; il est improbable, dites-vous, que celui qui se passionne pour les aventures du petit ninja en pyjama orange s’intéresse à Nietzsche ou à Robert Musil. Parmi vos critiques, celle-ci est sans conteste la plus forte et la plus courante.

Deux éléments de réponse : d’abord, CN.com accueille, en gros, 50 000 visiteurs uniques par jour. Parmi eux, une proportion non négligeable de personnes qui ont un rapport nuancé, sophistiqué voire complexe avec le manga. Elles prennent un certain plaisir à aller un peu au-delà de « qui est le plus fort de... ». On pourrait ajouter qu’aujourd’hui, le lectorat de Naruto n’a plus grand-chose à voir avec sa caricature traditionnelle : un nombre important d’étudiants, d’adultes, de profs même, pas tout à fait analphabètes et ne fantasmant pas nécessairement sur les écolières japonaises, lisent Naruto. Si la Chronique devait s’adresser à quelqu’un en particulier, leur nombre suffirait à la justifier pleinement.
Pourtant, cet aspect de la question ne nous intéresse pas du tout. Que tel segment de la population, les CSP+ ou la ménagère de moins de cinquante ans, fréquente ou non CN.com, cela n’entre pas en ligne de compte. La Chronique a peut-être un public, son public, mais celui-ci, nous ne chercherons pas à le définir en termes d’âge, de niveau d’étude, de revenu mensuel, de goût pour les Chocapic. Ce n’est pas une cible. C’est un public : le rassemblement improbable des cancres illettrés, des bac +15 pédants, des mères célibataires ou des hommes à femmes, des chats ou des fourchettes qui lisent, critiquent, commentent ou ne commentent pas la Chronique ; ce public n’existe que le temps d’une lecture et d’une réflexion partagée. Il profite de la disponibilité entière d’un texte.

« C’est trop philosophique » (Des gens, souvent)
Pourtant, en disant cela, je ne cherche pas à éviter une question véritable – celle de la « cible » me semblant être, vous l’aurez compris, un faux problème. Cette question est celle de la lisibilité de la Chronique. Or, j’associe fortement cette lisibilité à l’entière disponibilité évoquée plus haut. Pour moi, est lisible ce qui n’exclut personne a priori. Mes textes peuvent demander un peu d’effort, un quart d’heure d’attention peut-être mais en aucun cas, il n’est nécessaire ni d’avoir lu Sartre, ni de se munir d’un dictionnaire de rhétorique ou d’une règle à calcul ; pas besoin non plus d’être parisien, de gauche ou fan de David Bowie. De ce côté-ci de l’écran, la Chronique est un exercice de blancheur ; ma raison veut être celle de tous, mes mots n’appartiennent à personne ; j’évite le jargon et la complicité. La Chronique vise le partage.
Pourtant, j’ai pu échouer. Une partie du staff et certains d’entre vous m’ont fait remarqué que la dernière chronique était trop nietzschéenne, trop « philosophique ». J’ai pris acte.

« Chronique de quoi ? » (Le Vieux, certains dimanches soir)
Selon un dictionnaire, une chronique est « un récit rédigé selon l’ordre du temps », ou encore la « partie des journaux où l’on passe en revue, les nouvelles du jour ». Il y a donc un certain rapport entre une chronique et le temps. Pourtant, celle de CN est curieusement détachée de tout événement. Mes textes ont-ils un rapport, même lointain, avec l’actualité ? Quel est le temps dont la Chronique est la chronique ? « Exercice de blancheur », est-ce que cela veut dire aussi « envie d’apesanteur ? »

Et pourtant, presque toutes les chroniques évoquent l’actualité. Petit jeu : trouverez-vous l’événement auquel elles sont liées ? Qu’en disent-elles ?

« Prem’s » et « c’est trop long » (boss)
Pour conclure, je tiens remercier boss qui, tous les quinze jours, laisse un commentaire sur la Chronique. Généralement pour m’insulter ou pour me dire que c’est trop long. J’avais fini par me sentir coupable : cet internaute devait être, d’une manière ou d’une autre, véritablement agressé par mes textes pour se sentir obligé, semaine après semaine, de laisser un commentaire agacé (et agaçant). Quand, un lundi, en lisant les commentaires de telle news de JSP, je découvris, stupéfait, ce petit mot signé boss : « dis, c’est quand la chronique du Vieux ??? ». J’étais en retard en effet et il s’en inquiétait.
J’ai donc guetté avec avidité son intervention. Mais naturellement, cette semaine-là, que dalle. Boss ou l’art de me contrarier.  
 
Le merci à Ad’, JSP, Yun, au Staff, et à vous les CNautes.

Le no sms
Le Vieux


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